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Actualités - septembre 12, 2014

A la Gonâve, une école construite par la Digicel devenue une pomme de  discorde

 Par Manuel Jean Joseph.

Une école construite par la Fondation Digicel divise la communauté de Petite-Source dans la deuxième section communale d’Anse-à-Galets (La Gonâve), cela depuis plus d’une année. Les appels à la raison demeurent vains. Des pontes locales tirant les ficelles d’une manigance ont joué bien et mains pour mettre à la porte le directeur de l’établissement Jean Rodod Aldonice. Les représentants du ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle guidés par des intérêts inavouables ont brouillé toutes les cartes. Le sang a déjà coulé en deux occasions. Si rien n’est fait à l’ouverture de l’année académique 2014-2015, la communauté pourra compter d’autres victimes. A Dieu ne plaise ! 

L’Eglise baptiste de Petite-Source, à la Gonâve, héberge depuis toujours une petite école.  L’établissement a changé de nom, de responsables, mais jamais de local. Presque tous ceux qui qui savent lire et écrire, dans la communauté, l’avaient fréquenté un jour. Quand l’œuvre baptiste de la Gonâve n’était plus en mesure de régler le salaire des enseignants, l’école avait titubé. Parfois deux ou trois maîtres avaient essayé de la faire fonctionner. Ceux qui ne pouvaient pousser le plus loin possible le sacrifice ont pris d’autres routes.

En 2005, un jeune de la localité, Jean Rodod Aldonice, a été encouragé par d’autres natifs à s’occuper de cette école rebaptisée entre temps « Ecole communautaire de la Fraternité de Petite-Source.»Après quelques hésitations, il accepta. A cette époque, des éléments de la diaspora s’étaient chargés, en partie, du paiement des salaires des enseignants. Cette assistance avait duré quatre ans. Plus rien. Depuis lors le directeur Aldonice s’était débrouillé pour faire fonctionner l’établissement. Les parents étaient appelés à la rescousse. Ceux qui le pouvaient donnaient une petite contribution financière, le peu qu’il fallait pour maintenir l’institution en activité. Cependant, à la fin de l’année, des dizaines de carnets restaient à la direction. La majorité des parents ne pouvaient verser les minimes frais d’écolage.

Dans l’intervalle, Jean Rodod Aldonice, pendant que d’autres manitous de la zone et de la ville d’Anse-à-Galets ignoraient la misère des élèves et des parents, pistait des domaines de coopération. Avec la Concern World Wide, les échanges avaient abouti à la construction d’une latrine à fosse simple. Un petit coup de pouce à l’amélioration des conditions sanitaires, vu que les élèves étaient bien obligés de se cacher par derrières des touffes de halliers pour vider vessie et intestins

L’année du tremblement de terre, les portes de ce petit centre d’éducation étaient restées fermées. L’année suivante, le directeur, dévoué et décidé, avaient relancé les inscriptions. Il n’y avait pas eu affluence. Les cours ont repris. Comble de difficultés, les dirigeants de l’église qui hébergeait l’école voulaient mettre un terme à cette coopération. Après des suppliques, ils sont revenus sur leur décision. L’année scolaire 2010-2011 a pu démarrer.

L’aide de la Fondation Digicel

A la suite de l’ennui du début de l’année, la Fondation Dicicel débarqua sur l’île avec trois projets de construction de bâtiments scolaires. Touché le premier, le bureau local de la Concern World Wide avait fait appel à la mairie d’Anse-à-Galets pour la sélection des zones bénéficiaires. La localité de Petite-Source a été retenue parmi trois autres. Le dossier a pris corps et forme. Les exigences de la Fondation Digicel ont été satisfaites. Une première délégation de la Fondation s’était rendue à Petite-Source le 19 février 2012. Elle voulait  constater si effectivement l’établissement répondait aux critères de sélection. Tout était concluant.

A l’entame du mois de mars 2012, la Fondation avait fait appel au directeur Aldonice pour lui faire dire que le chantier allait être ouvert et il allait avoir sous sa responsabilité les techniciens et ouvriers de la firme ayant gagné l’appel d’offre.

Bien avant il s’était posé le problème du terrain. Ou construire l’école ?

Les potentats de la zone rechignaient à mettre à la disposition de la Fondation un terrain approprié et accessible. Les démarches effectuées auprès de quelques-uns se sont révélées vaines. Le directeur Aldonice face l’échéance décidait de céder une parcelle d’un terrain familial. Car, la Fondation avait clairement signifiédès le début qu’elle ne disposait pas de fonds pour l’acquisition de l’emplacement. Au su et vu de toute la communauté, M. Aldonice avait fait cet autre grand sacrifice. Ce qui lui avait attiré les foudres de quelques membres de sa famille pensant qu’il avait conclu une affaire juteuse avec la Fondation. Des ambitieux en avaient fait répandre le bruit. La construction s’acheva en juin 2012. Dès lors, commencèrent également les ennuis, de gros ennuis. Contrariétés. Désagréments. Emmerdements.

L’intoxication de la communauté

A la suite de tant d’efforts, de petits caciques manipulateurs déployaient sournoisement leur plan visant à chasser de l’école, comme une bête dangereuse, maitre Jean Rodod Aldonice. Ils mélangent rancœur, bassesse, tromperie, mensonge, ruse pour atteindre leur objectif. La population a mordu à l’hameçon. Elle a été contaminée. Manipulée. Les faiseurs de mouvements, ceux-là même, qui étaient plus de 2000 plutôt devant le palais de Pilate, balancent des intrigues. Leur venin a eu l’effet escompté. Ils sont pour la nationalisation de l’école. Maître Aldonice, fils d’une famille malaisée ne peut plus diriger un si bel établissement. Ils trament. Téléphonent. Complotent. Ils poussent le vis-à-vis à des erreurs calculées et inévitables.

A cause des tiraillements de part et d’autre, mais beaucoup plus du côté des envieux, la communauté est divisée. Les baffles brouillent les voix des gens modérés et raisonnables. Les crieurs de scandales assassinent la raison. Ce jeune homme qui a été toute sa vie dans la communauté, de mère et de père connus, est devenu subitement un mouton noir. Une personne indésirable.

Des autorités municipales, judicaires, le député et de prétendus notables font chorus. Maître Aldonice, celui qui s’est tant donné pour maintenir fonctionnelle cette école, celui qui s’est défoncé pour la réussite de ce projet aux côtés de la Fondation Digicel, doit disparaître honteusement. Incompréhension. Malhonnêteté. Malignité diabolique pour répéter Emmanuel Kant. Quelques responsables du district scolaire attisent maladroitement le différend. David face à Goliath. Le premier, cette fois-ci, ne peut faire mentir la théorie.

Il y a eu des tentatives pour vider cette querelle. Mais les gouverneurs locaux ont brouillé toutes les cartes en se sont constitués à la fois juge et partie. En dépit de tout, l’année scolaire 2012-2013 s’était achevée. Celle de 2013-2014 a été bouleversée. Scènes d’injures. Le sang a coulé en deux occasions. En deux fois, le pire a été évité. Par contre, le feu du conflit n’a jamais été éteint.

La voie de l’illégalité

Dans le courant de l’année 2014Jean Rodod Aldonice avait été plaider l’affaire au bureau central du ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle. Le ministre Vanneur Pierre et d’autres cadres techniques en ont été touchés. Certains ont clairement assimilé cette affaire à une grande injustice. Ils avaient promis de faire le nécessaire. Cependant, leurs représentants à la Gonâve, enflés d’orgueil, ont trainé les pieds.

Ces caporaux se trompent sur deux choses essentielles, peut-être sur trois. Même dans un excès d’injustice indicible et inqualifiable, le ministère de l’Education nationale ne peut, un beau jour retirer, la direction de droit de l’établissement à M. Aldonice qui l’avait fait enregistrer suivant la procédure tracée et, dans un second temps, avait donné le site de construction. De plus, il était la seule personne ayant assuré l’interface avec l’institution bienfaitrice. Inopportunément, ce que les chefaillons et les coryphées n’ont pu obtenir par des canaux institutionnels, ils l’ont eu, forts de leur instinct d’êtres féroces et cauteleux.  Jean Rodod Aldonice est exclu, de fait, depuis plus d’une année de l’Ecole communautaire de la Fraternité de Petite-Source.

Sachant qu’il ne peut approuver de pareille forfaiture, le MENP, dans le cadre du programme de soutien aux écoles communautaires en difficulté, a passé un contrat de travail à maitre Aldonice et aux autres membres du corps professoral. Il a le contrat sans lieu d’affectation.

Le MENFP doit assurer une gestion de cette affaire

Tant que cette injustice ne soit réparée, la menace de trouble planera encore sur cet établissement. Le ministère se doit d’agir vite mais avec sagacité. Il doit se méfier des rapports intéressés de quelques de ces agents du district scolaire de la Gonâve mouillés de la tête aux pieds dans cette opération inique et anti-scolaire par fantaisie et mauvaise intention. De plus, ces derniers obéissent au doigt et à l’œil à des galopins auxquels le hasard de la politique a souri et qui, par accident, sont casés dans les rares postes de représentation de l’Etat sur l’île.

Le MENFP a mille raisons de procéder de la sorte, étant donné que ce problème, non résolu présentement, pourra resurgir avec forces plus tard. A ce moment-ci, les pyromanes, habilement, vont se soustraire du radar du jugement de la communauté.  Le MENP doit savoir anticiper et ne saurait se cantonner dans un rôle d’observateur passif et indifférent puisque tout le personnel enseignant de cette école est désormais à la charge de l’Etat.

En outre, comme le premier manager du système et au nom du devoir constitutionnel de l’Etat de faciliter l’instruction de tous les enfants, il est temps pour le MENFP de placer le mot juste, de voler au-dessus de la mêlée, de passer outre des subjectivités, de déconstruire des mensonges, pour enfin défaire le polygone d’irréductibles en une ronde fraternelle où les uns et les autres pourront, avec une joie  sincère se donner la main dans l’intérêt des élèves, des parents et de toute la communauté de Petite-Source.

Même la Fondation Digicel aurait fait un mauvais calcul si elle s’en fout pas mal du devenir de cette école. Elle est toujours en mesure d’indiquer le tracé à suivre. Dans le cas contraire, elle aura passé à côté de sa motivation première, faciliter des enfants issus de familles désœuvrées d’accéder à l’éducation dans un cadre qui s’y prête.

Sinon, personne n’aura la force de conter la triste histoire de cette « école pomme de discorde » construite par générosité sociale par la Fondation Dicigel dans une « montagne ensorcelée ». Personne, pas même un autre Jacques Roumain.

Manuel Jean Joseph

Anse-à-Galets, la Gonâve

Lundi 8 septembre 2014

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