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Actualités - mars 17, 2014

Le Courrier de Fonds-Rouge(8) : La dégradation citoyenne

Lundi 17 mars 2014.- Quelle est la meilleure expression pour traduire la mésaventure de Daniel Théodore, cette victime de l’intolérance et de l’irascibilité du sénateur Wencesclass Lambert. Ce jeune Théodore a été dégradé. Les excuses trempées d’ironie du parlementaire n’auront pas grand effet sur l’opinion publique.

Pour avoir attiré l’attention du sénateur sur le fait que certaines de ses promesses électorales restent des paroles en l’air, Daniel Théodore a été brutalisé. M. Lambert satisfait s’est gaussé sur les ondes de son geste iconoclaste. Pourtant, Théodore a fait ce qu’aurait  fait tout citoyen normal dans un pays normal. Donc démocratique.

Un sénateur s’étant vanté de ses prouesses à la Van Damme face à un mandant trop perspicace, il faut croire que le pays s’enfonce de jour en jour dans la dégradation citoyenne.

Quand un sénateur crache sur un juge ou sur toute autre personne, c’est de la dégradation citoyenne.

Quand un ministre remet en question publiquement l’éducation  de certains députés en les soupçonnant  d’avoir été élevés dans des familles monoparentales, en les accusant de kamikazes, c’est de la dégradation citoyenne.

Quand un pouvoir accuse les opposants politiques de voleurs de poules, de pauvres, oubliant que pauvreté n’est pas vice, c’est de la dégradation citoyenne.

Quand un juge, trop enclin à bien s’acquitter de son travail,  a été insulté, menacé au point de se sentir en danger et de succomber effectivement sous le poids de ces menaces, c’est de la dégradation citoyenne.

Quand un agent de la sécurité présidentielle administre une « rosette » à un journaliste et que rien n’a été fait pour le sanctionner, c’est de la dégradation citoyenne.

Ce sont des faits de ce genre qui sont analysés dans les rapports des organismes nationaux et internationaux de défense des droits humains. Ce sont ces actions indignes d’une société démocratique de droit qu’Amnesty international,  l’Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en Haïti, le Bureau de la démocratie, des droits de lhomme et du travail du Département d’Etat commentent dans leurs rapports. Dans les capitales occidentales, de Washington à Paris, quand il s’agit de noter les absurdités, les dérèglements mentalo-politiques, le crayon du Bon Dieu n’a pas de gomme. Une poignée de main de Barack Obama ou de François Hollande ne servira pas de « liquid paper ».

Le sourire gênant de l’ambassadeur des Etats-Unis ou celui de la France à la vue des hommes et des femmes d’Etat, responsables de pareilles gaffes, au prochain cocktail signifiera que bonne note a été prise. Ces gens venus d’ailleurs sont convaincus que les dirigeants coupables d’actes de dégradation citoyenne se dégradent civiquement. En politique cracher dans la gueule d’un citoyen équivaut à cracher en l’air.

Le crayon du Bon Dieu n’a pas de gomme. C’est Lambert qui me pousse à redécouvrir ce titre de Dalembert.

 Idson Saint-Fleur

saintfleuri14@yahoo.fr

Idsonsaint1977@yahoo.fr

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