Scoop édito : Le black-out au temps de coronavirus en Haïti
Le cours de l’essence a connu une baisse spectaculaire ces dernières semaines au niveau de la bourse mondiale. La pandémie de coronavirus a entraîné un effondrement de la demande sur le marché international.
Jamais, depuis la création de contrat en 1983, le prix du carburant n’était tombé sous les 10 dollars, a souligné un article publié le 20 avril écoulé dans les colonnes du Journal Le Parisien.
Faute d’acheteurs, le baril de pétrole américain ne vaut quasiment plus rien. Dans un marché saturé, les investisseurs paient désormais pour trouver preneurs, a fait remarquer une parution du Journal Le Monde éditée le même jour.
Alors que le prix de l’or noir est complètement révisé à la baisse au niveau de la bourse européenne et nord-américaine, Haïti ces derniers temps a renoué avec ses longues séquences de black-out. Le black-out est dans l’air du temps dans le pays à un moment où les dirigeants invitent la population au confinement à la maison comme mesure préventive pour ne pas contracter le coronavirus.
Depuis notre rupture avec la période médiévale, l’électricité est devenue un facteur essentiel à la vie. Si le courant électrique s’était révélé indispensable à la civilisation de l’humanité depuis la révolution industrielle du 18e siècle, il l’est encore plus aujourd’hui à l’ère électronico-numérique.
La population haïtienne vivote dans une situation de misère telle que les sociologues estiment impensable toute tendance au confinement total, la principale mesure adoptée dans les pays occidentaux pour casser la chaine de transmission à grande échelle du Covid-19. Pendant que le peuple haïtien est sensibilisé à l’enfermement à domicile, il est en train de subir un manque cruel de l’électricité.
Cette absence cruelle de l’électricité risque d’acculer davantage les responsables haïtiens vertement critiqués pour leur gestion calamiteuse et opaque du coronavirus qui jusqu’à présent demeure une maladie non aigue en Haïti.
Cette grande privation de l’électricité indexée sur le taux d’inflation, la cherté de la vie dans ce contexte de crise sanitaire mondiale anxiogène nous parait comme un engin explosif. Comment exiger à une population affamée, fauchée, dépourvue de tout de rester à la maison dans un climat thermique privé de l’électricité qui est une condition nécessaire au divertissement ?
L’électricité facilite le divertissement, la détente, la relaxation dans une communauté sociale moderne. Elle ravive tous les secteurs d’activité. Elle est à la base de toutes les activités dans les sociétés modernes. C’est plus qu’un besoin. C’est un droit. Le droit de vie. Dans les sociétés contemporaines, le courant électrique est la vie. Les dirigeants haïtiens s’intéressent-ils à la vie de la population ? S’intéressent-ils au bien-être, loisir, à l’épanouissement du peuple haïtien? Pourquoi ne profitent-ils pas de la chute vertigineuse du cours du pétrole sur le marché mondial pour remplir les réserves nationales ?
L’importation de carburant dans ces conditions idéales à prix dérisoire dans le commerce international pourrait grandement réduire le coût de la vie. Le pétrole est un produit transversal. Toute baisse du prix de l’essence sur le marché local entrainera ipso facto une diminution dans les frais de transport public et des produits nationaux de consommation.
Le plongeon du prix du pétrole sur le marché mondial est une aubaine non exploitée par les autorités haïtiennes. Profiter de cette belle opportunité aurait été bénéfique à la fois pour la population et le pouvoir. Cela aurait permis à ce pouvoir de se refaire une santé, de restaurer son image et de gagner la confiance de la population.
L’État haïtien aurait soulagé davantage le peuple que de lui proposer des kits sans contenu. Les dirigeants haïtiens impitoyables à sa situation préfèrent la propagande au bonheur de la population.
Mozard Lombard,
Éditorialiste de la Radio Télé Scoop,
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