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Actualités - mai 20, 2014

Dossier judiciaire : Procès d’Amaral Duclona à Paris

Un chef de gang haïtien est jugé à partir de lundi à Paris pour l’enlèvement, la séquestration et la mort d’un chef d’entreprise franco-haïtien, Claude Bernard Lauture, en 2004 à Port-au-Prince, alors en proie à des émeutes qui ont abouti au départ du président Aristide.

Amaral Duclona, alias Berthone Jolicoeur, 34 ans, était chef d’un des gangs de “chimères”, activistes armés se réclamant d’Aristide, à Cité Soleil, le plus grand bidonville de la capitale haïtienne. Et à ce titre, il avait ses entrées à la présidence.

Le 6 janvier 2004, Claude Bernard Lauture est enlevé alors qu’il circule en voiture. Un groupe d’hommes armés bloque son véhicule et l’embarque dans le leur. Un des agresseurs perd sur place un téléphone portable.

Quelques heures plus tard, un des frères de la victime reçoit un appel de Claude Bernard Lauture qui lui dit qu’il sera relâché contre paiement d’une rançon de 100.000 dollars par « Gladys », une riche tante, membre de l’entourage présidentiel.

Gladys appelle le président Jean-Bertrand Aristide pour lui faire part de l’enlèvement mais ne paie pas et part même aux Etats-Unis, où elle a rendez-vous chez son dentiste.

Le lendemain, le corps de Claude Bernard Lauture est retrouvé à Cité Soleil, tué d’une rafale dans le dos.

Selon la famille, la victime se disait menacée pour avoir participé à des manifestations anti-Aristide.

C’est principalement le téléphone retrouvé sur les lieux de l’enlèvement, identifié comme appartenant à un lieutenant d’Amaral Duclona, qui va faire avancer l’enquête, entreprise à la suite du dépôt d’une plainte en France par la veuve de Claude Bernard Lauture.

Son numéro a été appelé à 21 reprises le jour des faits par un téléphone identifié comme appartenant à Duclona, à partir duquel a aussi été passé un appel au frère de la victime à l’heure de la demande de rançon. Ce téléphone était également utilisé régulièrement pour appeler le contact de Duclona à la présidence.

Mais Amaral Duclona, arrêté en septembre 2009 en République dominicaine, pays qui se partage l’ancienne île d’Hispaniola avec Haïti, après avoir plaidé l’erreur d’identité, minimise son importance et nie toute participation aux faits, disant ne pas se souvenir s’il utilisait le téléphone incriminé.

Son avocat, Thomas Heintz, souligne les insuffisances de l’enquête et dénonce “un dossier malheureusement vide et qui ne devrait pas être devant les assises”, les autorités haïtiennes n’ayant pas répondu aux demandes répétées de la justice française.

“En dépit de sa réputation, il n’y a pas d’éléments matériels montrant qu’il est coupable”, poursuit l’avocat, qui “espère que ce ne sera pas un procès en sorcellerie”.

Mais pour l’accusation, qui souligne que magistrats français et enquêteurs se sont rendus à trois reprises sur place, les investigations téléphoniques et les témoignages se confortent suffisamment pour le mettre en cause.

Olivier Morice, avocat de la veuve de Claude Bernard Lauture – qui a quitté Haïti en raison de menaces – regrette lui aussi “l’impossibilité d’aller jusqu’au bout” de l’enquête et “l’absence de réponse des autorités haïtiennes”, mais il estime qu’il y a dans le dossier “des éléments à charge extrêmement sérieux à son (Duclona) encontre”. “Il n’est en rien un lampiste, c’est un chef de bande extrêmement dangereux”.

Extradé dans le cadre de l’enquête sur l’enlèvement et l’assassinat d’Henri Paul Mourral, un ancien consul de France honoraire en Haïti, Duclona risque la perpétuité. Le procès doit s’achever vendredi.
Par AFP

 

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