Haïti débat / L’adresse à la nation du président du Sénat : Tout en sollicitant un compromis, Carl Murat Cantave exige que tous les mandats soient mis sur la table
Dans un discours pédagogique où il enseigne idéalement les différentes fonctions du Grand Corps, le président du Sénat haïtien, Carl Murat Cantave, est sorti de ses gonds. Il attire l’attention sur le danger qui plane sur le pays, déplore sa situation actuelle, dénonce les acteurs et sensibilise les protagonistes sur la nécessité d’emprunter la voie du dialogue pour le dénouement la crise.
Le Sénat de la République a perdu sa sainteté. Depuis quelque temps, il est devenu un lieu de lutte, de bagarre et de querelle. Au cours de cette année 2019, il a été profané à plusieurs reprises par des militants. Dévoyés de leur mission de contrôle de l’exécutif, les sénateurs, taxés de corrupteurs et de corrompus, ont projeté une image défavorable de l’institution.
Conscient de ces passifs, Carl Murat Cantave, dans son adresse à la nation, plus précisément aux sénateurs de la 50e législature et au président de la République, donne des leçons de morale à ses collègues parlementaires. « Le Sénat de la République n’est pas une église, je n’ai pas l’intention de vous faire une homélie. Le Sénat n’est pas l’armée, je me soustrais à l’idée de vous haranguer. Le Sénat n’est pas non plus une kingdergaten, loin de moi de vous gronder (…) », a répété Monsieur Cantave qui se veut être objectif pour éviter de donner l’impression qu’il soutient un camp dans le combat politique qui anéantit le pays.
À en croire le président de l’Assemblée nationale, le Sénat est une institution sacrée qui habite des dieux. Le Sénat est un repère de sage, un lieu où les grands esprits se frottent à la recherche de solutions appropriées aux problèmes du pays, un endroit où le verbe est roi, où l’arme de la dialectique prime sur la dialectique des armes (…).
Dans son allocution de plus de 22 minutes, le sénateur de l’Artibonite a insisté sur la situation du pays. Comme beaucoup d’autres, il croit qu’Haïti est au bord d’une guerre civile et d’un protectorat. Il condamne tous les protagonistes et dénonce particulièrement les acteurs qui, selon lui, manipulent le peuple à des fins personnelles. La seule entité qui, pour lui, détient la légitimité dans le pays, c’est le peuple haïtien.
Dr Cantave a dressé un tableau noir de l’état actuel du pays. « Le peuple subit la faim et la misère, les écoles sont fermées cela a contraint nos enfants de rester à la maison, les hôpitaux ne peuvent fournir des soins de santé, les filles et les fils des gens du peuple sont au chômage, la criminalité devient une norme dans le pays (…) », a regretté le parlementaire.
En vue de redresser cette situation, le président du Sénat demande aux acteurs de cesser de se battre entre eux. Il les invite à déposer leurs armes pour s’asseoir, discuter, négocier et s’entendre sur la direction à donner au pays pour les 25 années à venir. Il recommande vivement au président de la République de prendre des dispositions pour entamer le dialogue. Selon lui, si le président doit partir, cela doit se faire dans le dialogue.
Tout en sollicitant un compromis, Carl Murat Cantave exige que tous les mandats soient mis sur la table. Il convoque les sénateurs afin de réfléchir, dit-il, sur un scénario de sortie de crise.
Mozard Lombard,
Journaliste/Rédacteur de la radio Télé Scoop,
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