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Actualités - septembre 14, 2011

Haïti/Religion : A l’Eglise Baptiste Siloé de Delmas 30, la flamme de la foi se débat contre des bourrasques

J’ai apprécié le message délivré le dimanche 4 septembre dernier à l’Eglise Baptiste Siloé par le  Pasteur Léonard Jeune, de la Convention Baptiste d’Haïti (CBH). Il a essayé d’éteindre le feu que Charles Madet voulait raviver en déclarant ‘’vagabonds’’ (avec la conation créole du terme) tous ceux qui refuseraient de collaborer avec le Past. Guerrier Merlain. Je voulais lui répondre, je ne l’avais pas fait ; je m’en mords les lèvres aujourd’hui puisque ce Madet est loin d’être capable de prendre la mesure de la situation. Je dois avouer que j’ai en horreur ce genre de langage populacier très étranger aux églises affiliées à la CBH. Le Pasteur Jeune avait bien fait de vite corriger. Car, depuis cette crise, j’ai entendu de pareilles lumpen-déclarations on ne peut plus triviales faites à l’emporte-pièce par les défenseurs aveugles des antagonistes, et depuis qu’est-ce que cela a donné ? Rien ! Ces déclarations grossières n’ont fait qu’envenimer la situation.

La stratégie utilisée ce dimanche-là par le Rév. Jeune pouvait forger la raison d’espérer une sortie de crise dans les semaines à venir, mais tel n’a pas été le cas. Pourquoi ?

a) Le Pasteur Léonard Jeune n’a pas osé aller jusqu’au bout dans sa démarche. Trop précautionneux. Il pouvait stopper la cérémonie de Sainte Cène du jour, il a hésité. Il s’agit de communion. Mais avec de pareilles rancœurs, la communion est vidée de son essence, à moins qu’il s’agisse de Mise en scène et non de Sainte Cène, pour rester dans le registre paronymique. Parfois dans la vie, si l’on veut éveiller certaines gens, il importe de faire usage de la méthode électrochoc. A mon avis, il fallait saisir l’occasion pour mettre les gens face à leur laideur, les inciter à saisir l’ampleur du problème, donc à ne pas contourner le problème, de préférence tenter de trouver des éléments de solutions.

b) Malgré tout, je reconnais que les gens manquent de sincérité dans leur conflit. Etre sincère dans un conflit suppose que l’on ne nie pas l’existence du conflit. Le Pasteur avait offert la possibilité favorable à une expression du mal-être, mais les protagonistes ont fait usage d’un langage de bois. Peur de parler du problème, peur de crever l’abcès…Et cela sent mauvais ! Il y a de la peur, également de la naïveté et de la contradiction chez certains ; de la tromperie, du bluff, chez d’autres. Voilà les nouveaux éléments de ce blocage.

A contrario, j’ai surmonté ma peur. J’en ai assez des médisances, des commérages, de l’hypocrisie…Boutey mwen plen ragagann ! J’ai crevé l’abcès en espérant que ceux qui, de par leur position, sont en mesure d’aider l’Eglise Baptiste Siloé décident de le faire avec plus détermination et d’engagement. On ne se guérit pas d’une plaie en refusant d’appliquer le pansement approprié, sinon elle risque de s’infester.

En plus d’être taxé de ‘’vagabond’’, de ‘’faux frère scandalisé’’ par de sulfureux prédicateurs, d’autres me jettent dans les filets des imprécations. Ils voudraient faire de moi un fils indigne de l’église. Je reste de marbre. Inoxydable. Sans ire ni haine. J’ai moi-même construit ma dignité, j’en prends soin. Mon seul tort, c’est d’avoir exposé au grand jour un mal qui ronge en silence mon église. Je l’assume, au lieu de faire comme les autres adeptes de la politique de l’autruche. Heureusement, personne ne peut démentir les faits révélés . Heureusement, personne ne peut dire que j’ai menti en dénonçant l’hypocrisie, le pharisaïsme des uns ; la sournoiserie, la perfidie des autres. Contrairement à beaucoup de mes donneurs de leçons, je ne suis pas un menteur. J’ai été assurément trop catégorique, trop libre dans mes dires. Moralement libre.

Observateurs et membres de l’assemblée, en général ceux qui pensent que je n’aurais pas dû déballer en partie les choses, je voudrais bien leur demander : Qu’est-ce qu’ils ont fait pour éviter la détérioration de la situation durant les 20 derniers mois ? Se sentant à leur aise dans leurs costumes de tripatouilleurs (euses), de spécialistes en dynamitage, ils ont tous, presque, travaillé pour la grande explosion ; explosion que le camp qui pense pouvoir remporter la victoire se prépare déjà à faire passer pour un merveilleux feu d’artifice. Cynisme.

Je ne suis à la recherche d’aucun intérêt à l’église, bien au contraire! Mais, ce que je voudrais, c’est le retour à la fraternité. Je voudrais que les gens apprennent à s’aimer de nouveau, à rechercher Dieu en toute sincérité, à raffermir leur foi. En conséquence ce que dit un prédicateur auto-titré qui résonne davantage au lieu de raisonner ne saurait me troubler ; je garde la même attitude à l’écoute des remarques naïves de certains membres de l’assemblée auxquelles je réponds tout simplement : hélas ! Oui, hélas !

Je souhaite que la Convention Baptiste d’Haïti et toute autre institution intéressée à la bonne marche des églises protestantes sautent sur l’occasion pour aider à une sortie de crise. Je souhaite qu’elles aident les antagonistes à vider calmement les contentieux, à ‘’rebattre les cartes’’. Tous les antagonistes d’aujourd’hui, quand ils ne le seront plus demain, auront encore leur place à l’église, à commencer par le frère Guerrier Merlain et les membres du corps des diacres ; ce sont tous des fils de l’église. Je défends cette idée. Je crois qu’il importe de redistribuer les cartes, de bien les redistribuer.

Il y en qui souhaitent que l’on remette la situation au Bon Dieu, en tant que chrétien, j’estime qu’il est bien de penser ainsi ; cependant, je demeure convaincu que les gens doivent tout d’abord afficher leur détermination de sortir de ce labyrinthe. Ils doivent montrer leur volonté de passer ce mauvais cap. Il ne faut pas vouloir la solution du bout des lèvres, et parallèlement manigancer pour compliquer la situation. Voilà ce que je déteste !

Malgré mon impatience, j’ose croire encore à la mission de bons offices des institutions auxquelles j’ai déjà fait référence pour aider l’Eglise Baptiste Siloé de Delmas 30 à retrouver sa voie. Il y a de ces solutions que l’on découvre trop tard. Le séisme dure depuis plus de 20 mois. La résilience a ses limites !

par Idson Saint-Fleur
Membre de l’Eglise Baptiste Siloé de Delmas 30

saintfleuri@yahoo.fr

N.B: Précédent article:

Haiti/Religion: Le Bon Dieu s’en est allé de l’Eglise Baptiste Siloé de Delmas 30

 

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