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Actualités - janvier 25, 2011

WikiLeaks révèle l’immixtion des Etats Unis dans les affaires d’Haïti, et fait encore douter de la thèse du suicide du général Bacellar de la Minustah.

Dans le dossier de la mort du général brésilien Urano Teixeira da Matta Bacellar (57 ans), le soupçon pèse sur Washington, des hommes d’affaires haïtiens et leur bras paramilitaire.

Des câbles diplomatiques de 2005 et 2006 dont les contenus ont été révélés (cette semaine) par WikiLeaks montrent comment les Etats Unis étaient obsédées par l’idée de garder M. Aristide en dehors d’Haïti et des affaires d’Haïti.

Le 8 juin 2005, rencontre entre l’ambassadeur américain au Brésil John Danilovitch assisté par son conseiller politique(le chef  local de la CIA) avec le conseiller de politique international de Lula M. Marco Aurelio Garcia

Lors de cette rencontre, l’ambassadeur avait beaucoup insisté sur la nécessité que tous les efforts soient déployés  afin d’empêcher qu’Aristide  retourne en Haïti ou continue à influencer le jeu politique, et que Washington était  très préoccupé par  une détérioration de la situation sécuritaire en Haïti, surtout à Port-au-Prince.

L’ambassadeur et son conseiller doutaient aussi de la crédibilité de la Minustah appelée Force d’occupation des Nations Unies. Ils ont rappelé à l’intention de M. Garcia que la Secrétaire d’Etat Condolezza Rice attendait des actions fermes de la part de la Minustah et les Etats Unis n’écartaient pas la possibilité de  renforcer cette mission avec leurs contingents…

Une lecture attentive des câbles montre que Garcia était un peu décontenancé par l’insistance des Américains. Il avait admis que la sécurité était un élément essentiel, mais qui doit marcher de pair avec un processus politique inclusif. Garcia avait noté que certaines personnalités  du parti Lavalas étaient prêts à s’engager dans un dialogue constructif, de ce fait elles méritaient d’être encouragées même s’il avait fait part de la détermination brésilienne d’empêcher à Aristide de rentrer au pays ou à influencer le jeu politique…

D’après les documents  de Wikileaks, Garcia aurait dit qu’Aristide ne correspond pas à  l’avenir démocratique d’Haïti tout en restant très prudent sur l’introduction des forces américaines en Haïti

Le 10 juin les deux officiels américains s’étaient entretenus avec le Sous-secrétaire d’Etat brésilien pour les affaires politiques internationales Antonio de Aguiar Patriota. Ils lui ont dit avoir reconnu que « la Minustah n’a pas été suffisamment ferme ». Tout ceci était dû au général brésilien Augusto Heleno Ribeiro, le commandant militaire de la force onusienne de l’époque. A leur avis Heleno avait craint des actions pouvant conduire à des pertes inutiles, et plus important encore, il avait craint d’être traîné devant un tribunal international pour crimes de guerre.

Moins d’un mois après ces réunions, le 5 juillet 2005, malgré lui  Heleno avait conduit le premier assaut meurtrier de la Minustah contre les groupes armés basés  à Cité-Soleil. L’opération menée par le brésilien au milieu de la nuit avec des hélicoptères, des tanks et des troupes au sol, ont tiré des dizaines de milliers de balles et des bombes, tuant et blessant des dizaines de civils innocents, y compris des enfants et des nourrissons.

Un mois plus tard Heleno a été remplacé par le général  Urano Teixeira da Matta Bacellar (57 ans).

A l’instar de Heleno, il allait subir les pressions de Washington, de la classe d’affaires haïtienne à utiliser de la force contre les groupes armés des bidonvilles.

Des hommes d’affaires haïtiens bien connus avaient publiquement demandé à l’ONU de faire usage de la force des dans ces zones, précisément Cité-Soleil.

Le 6 janvier 2006, le chef civil de la Minustah, le chilien Juan Gabriel Valdès, annonce que les troupes de l’ONU occuperait  Cité-Soleil qu’elles ont déjà encerclé. « Nous allons intervenir dans les prochains jours », a déclaré Valdès. « Je pense qu’il y aura des dommages collatéraux mais nous devons imposer notre force, il n’y a pas d’autre moyen ».

Mais des officiels de l’ONU rapportaient,  à l’époque que Urano Teixeira da Matta Bacellar était opposé au plan de Valdès, information relatée par  Reuters. Le général disait que son job était de défendre la constitution haïtienne et non de combattre les crimes, a rapporté, de son coté The Independant Journal.

Puis, le 7 janvier 2006, général Bacellar a été trouvé mort dans sa suite à l’hôtel  Montana, une balle dans la tête. Il était assis sur une chaise sur son balcon, apparemment entrain de faire une lecture. Au départ, les responsables de l’armée brésilienne disaient qu’il s’agissait d’un  accident dû à la manipulation de son arme à feu. Quelques jours après, ils ont changé le verdict officiel  en  « suicide ».

Quatre jours plus tard, le Sous-secrétaire adjoint, Patrick Duddy, a rencontré le président dominicain Leonel Fernandez, et parlaient des circonstances entourant la mort de Bacellar. Duddy croyait à la thèse du suicide, Fernandez doutait. Le président dominicain pensait que le suicide passait invraisemblable pour un professionnel du calibre de Bacellar.

Selon les câbles obtenus par  WikiLeaks Leonel Fernandez soupçonnait que  Bacellar a été assassiné par ‘’un petit groupe’’ qui voudrait créer le chaos en Haïti ; [et] que ce groupe avait tué des membres de la Minustah dans le passé (un Canadien et un Jordanien et maintenant le général brésilien)… Le Président a déclaré qu’il était en connaissance d’une affaire dans laquelle un membre du contingent brésilien de  la Minustah  a été tué par un tireur d’élite.

Lorsque Patrick Duddy a demandé qui pourraient être dans ce groupe, le seul nom cité par  Fernandez était celui de  Guy Philippe, le leader du mouvement rebelle anti-Aristide en 2004, même si Fernadez n’aurait pas exclus que le général se soit blessé accidentellement.

Mais les câbles de Wikileaks expliquent que : « Fernandez croit que le gouvernement brésilien a parlé de  suicide afin de protéger la mission de la critique interne. Un assassinat confirmé donnerait lieu à des appels de la population brésilienne pour le retrait d’Haïti et le Succès de cette mission est essentiel pour le président Lula, parce que cette mission fait partie de son plan pour obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies. »

Selon les soupçons  de Fernandez, il semble peu probable qu’un vétéran de l’armée décoré, parachutiste et instructeur serait assez imprudent avec un pistolet pour se tuer accidentellement dans la tête.

En outre, Bacellar était un homme très religieux, avec une femme et deux enfants au Brésil. (…)Même si la thèse du suicide ne peut pas  être écartée, on se serait attendue que cet homme  laisse   un quelconque  message.

Pourtant, selon les sources de la  journaliste brésilienne Ana Maria Brambilla, Bacellar n’avait  pas présenté de signes de dépression au cours de ses derniers jours ». Il a l’habitue, après 39 ans de service, de subir des pressions plus grandes qu’il n’en avait vu ses quatre mois en Haïti, avaient indiqué  ses collègues militaires au journal The Indépendant

Par ailleurs,  le journal dominicain, El Nacional,  s’était demandé comment Barcellar, en sous-vêtement et sur les genoux duquel un livre a été retrouvé, se serait  donné la mort durant un moment de détente !

Est-il possible que certains groupes intéressés  aient voulu tuer Bacellar pour sa réticence à mater le mouvement armé pro-Aristide dans le bidonville de Cité Soleil ?

Nous ne pouvons qu’espérer que les autres documents de WikiLeaks découvriront la vérité, écrit Kim Ives du journal britannique The Guardian dans son édition du 21 janvier 2011.

 

 

 

 

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