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Actualités - août 21, 2009

Premiers germes de renaissance agricole à Haïti

Un plan d’un montant de 10,2 millions de dollars visant à distribuer et à multiplier les semences de qualité a considérablement relevé la production vivrière en Haïti et permis d’offrir à la population des aliments moins chers et aux agriculteurs un moyen d’accroître leurs revenus.

Sollicité par le gouvernement haïtien, financé par un prêt du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et mis en œuvre par la FAO, le programme a été institué pour pallier la flambée internationale des prix alimentaires. Il a été rendu d’autant plus urgent qu’une série de tempêtes tropicales a dévasté les récoltes et les stocks de semences des agriculteurs il y a exactement un an.

Avec l’arrivée de la saison des ouragans cette année, le programme a également aidé à reconstituer les stocks semenciers de la FAO à Haïti, de sorte que le pays disposera de semences de qualité à distribuer, si les agriculteurs devaient à nouveau perdre tous leurs stocks.

5 millions de dollars de haricots en une saison

Près de 250 000 petits exploitants et paysans sans terres ont reçu ou recevront des semences de qualité dans le cadre du programme, qui, même à mi-parcours, a déjà été largement rentabilisé.

La FAO estime que les semences d’une variété de haricots noirs résistantes aux maladies et à maturation rapide originaires du Guatemala et distribuées aux agriculteurs pauvres et vulnérables pour la campagne de semis de l’hiver 2008 a déjà produit des récoltes évaluées à près de 5 millions de dollars.

« Nous sommes profondément encouragés par les résultats auxquels nous assistons dans ce programme qui, soutenu par les conditions météorologiques favorables, a été un important facteur d’accroissement de la nourriture disponible pour les populations pauvres d’Haïti », a indiqué le Représentant de la FAO en Haïti, Ari Toubo Ibrahim. 

Des semences balayées par les ouragans

Haïti est un des pays les plus durement frappés par la flambée des prix alimentaires qui déclencha des émeutes dans la capitale Port-au-Prince en avril 2008. En août et en septembre 2008, quatre ouragans successifs dévastèrent les stocks de semences ou contraignirent les agriculteurs menacés par la famine à les consommer. Les paysans pauvres n’ont souvent d’autre choix que de semer des graines de qualité médiocre, dans l’espoir d’obtenir une maigre récolte.

Le Ministère haïtien de l’agriculture estime que le manque de semences de qualité appropriées est un grave obstacle à l’accroissement de la production vivrière locale et à la réduction de la dépendance à l’égard des importations sensibles aux fluctuations de prix. De nouvelles variétés de semences mieux adaptées sont également nécessaires pour relever les défis de systèmes agroécologiques qui évoluent sous l’effet du changement climatique et de la déforestation.

Le gouvernement et le FIDA ont choisi la FAO comme partenaire sur la base de sa longue expérience en multiplication des semences en Haïti et d’un programme d’urgence bien rodé depuis 2004.

Outils et formation

Outre les haricots, le projet comprend également la multiplication du maïs, du sorgho et la propagation des plants de manioc, de patate douce et de bananes, ainsi que la distribution de 500 tonnes de semences de riz de qualité produites localement. Les agriculteurs reçoivent en outre des outils agricoles et des conseils ou une formation sur les meilleures techniques culturales, dispensés par des émissions de radio ou des matériels écrits.

Le programme couvre initialement trois campagnes de semis hiver 2008 et printemps et été 2009.

Le gouvernement souhaiterait désormais étendre le projet à la prochaine campagne d’hiver pour tirer parti de ses excellents résultats et aider les agriculteurs à se relever de la flambée des prix alimentaires, car quelques mois ne suffisent pas pour leur permettre de récupérer leurs moyens d’existence. Ils ont besoin d’une assistance plus soutenue pendant au moins un an.

L’agriculture, une priorité

Plus de la moitié des Haïtiens – 5 à 6 millions de personnes – vivent dans les zones rurales et environ 85 % de la population rurale pratique l’agriculture qui, assurant quelque 26 % de la production économique, représente de loin le premier employeur de l’île.

Selon les chiffres du gouvernement haïtien, la production agricole a fait un bond de 25 % durant la campagne de semis de printemps 2008. Le nombre de personnes victimes d’insécurité alimentaire est tombé de 2,4 millions en avril 2008 (juste avant la flambée des prix alimentaires) à 1,9 million en juin 2009.

Les experts de la FAO estiment que les programmes des ONG, du gouvernement et des Nations Unies pour la remise en état des infrastructures (routes et périmètres d’irrigation) à la suite des inondations et des tempêtes de l’an dernier ont également donné un coup de fouet à la production agricole.

« La relance de l’agriculture en Haïti constitue une priorité dans la lutte contre la faim et le développement des zones rurales, où le taux de pauvreté extrême est trois fois plus élevé que dans les zones urbaines », fait remarquer M. Ibrahim.

« La production vivrière est un préalable à toute activité économique, y compris le tourisme. En effet, faire venir les touristes et ensuite importer des aliments pour les nourrir lorsque plus de 2 millions d’Haïtiens sont encore victimes d’insécurité alimentaire ne peut qu’être source de ressentiment », explique-t-il.

Si la production vivrière comprend des arbres fruitiers tels que manguiers, avocatiers, bananiers et caféiers, qui retiennent le sol et l’eau, l’agriculture peut venir en aide au processus de reboisement, car les pauvres sont moins enclins à abattre les forêts pour se procurer du bois de feu et un revenu.

En dépit de l’appauvrissement massif de ses ressources naturelles et de la dégradation des terres dus à une mauvaise gestion et à la pauvreté extrême au cours des vingt dernières années, Haïti était auparavant un important producteur agricole.

« Haïti compte encore d’excellents agronomes et ses agriculteurs maitrisent encore les connaissances de base pour produire de la nourriture. Raison pour laquelle nous devons absolument continuer à focaliser notre attention sur l’agriculture », souligne M. Ibrahim.


 Communiqué de la FAO.

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