HAITI / POLITIQUE – JEAN BERTRAND ARISTIDE / FANMI LAVALAS : L’heure de vérité a sonné !

Le sort a voulu que l’ancien Président haïtien Jean Bertrand Aristide soit projeté devant la scène, apparemment malgré tous ses efforts pour épouser un profil relativement bas dans le processus politico-électoral et le débat politique actuel. Il est le dirigeant politique haïtien le plus populaire, contraint ou réduit visiblement au silence après son retour d’exil en Afrique du Sud le 18 mars 2011.

Quel ‘’deal’’ a-t-il été  conclu entre Aristide et les Puissances tutrices d’Haïti, au premier chef les Etats-Unis d’Amérique, pour accepter son retour ? Quels types de chantage exerce-t-on sur le Docteur Jean Bertrand Aristide qui est toujours le principal dirigeant de l’Organisation politique Fanmi Lavalas ? Quelle est la nature de ces chantages et pourquoi ? Quels sont les points vulnérables de l’ancien Président ?  Jean Bertrand Aristide aurait –il plus de ‘’fidèles’’, ‘’adeptes’’, ‘’suiveurs’’ou ‘’fanatiques’’ que le parti Fanmi Lavalas de membres ?  Une chose est plus que certaine : Aristide est revenu dans son pays avec le statut de Chef de parti faisant activement de la politique par personnes interposées. Et il est perçu comme tel par tout observateur lucide et avisé incluant les Ambassades étrangères.

Le talon d’Achille de l’ex Chef d’Etat est sa vulnérabilité évidente sur le plan de la poursuite judiciaire en référence à certains dossiers comme par exemple l’Affaire Jean Dominique, la TELECO (ci-après Natcom), la Fondation Jean Bertrand Aristide, les Affaires de drogue et de corruption. Cette réalité, au regard de l’utilisation et/ou manipulation du Système judiciaire haïtien à des fins de nuisance ou de neutralisation, est très bien appréhendée par les puissances tutrices comme les Etats-Unis d’Amérique, le Canada, la France par extension l’Union Européenne aussi bien par ses adversaires et ennemis politiques, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.  Et ce n’est très certainement pas le Régime Tet Kalé de Sweet Micky infesté de Duvaliéristes, d’anciens militaires, d’anciens Macoutes et d’anti-Aristide qui va lui laisser se la couler dans la dynamique politico-électorale actuelle.

Dans l’état actuel des choses, Aristide n’a aucune garantie de ne pas être inculpé dans l’une ou l’autre de ces Affaires pendant le reste du mandat du Président Martelly à moins qu’un nouveau rapport de forces naisse des Sénatoriales partielles et des élections municipales, et que les puissances tutrices aient décidé de modifier leur agenda en fonction de nouvelles donnes.

En tout cas, Jean Bertrand Aristide se rendra ce mercredi 8 mai 2013 au Cabinet du Juge d’Instruction  pour y être entendu et interrogé à titre de témoin dans le dossier d’assassinat du journaliste Jean L. Dominique abattu il y a 13 ans, tout en prenant la précaution de trainer à sa suite une foule de  supporteurs et  de sympathisants à toutes fins utiles. Une correspondance a été acheminée au Juge Dabrésil pour l’en informer et lui demander de prévoir des mesures de sécurité pour parer et faire face à toute éventualité. De quoi Aristide aurait-il peur ? Voudrait-il montrer ainsi que sa popularité serait intacte, qu’il serait incontournable et qu’on doit compter avec lui dans le cadre des prochaines élections peut-être pas comme Candidat au Sénat mais assurément comme arbitre ?

Sur le plan organisationnel, son Organisation politique Fanmi Lavalas n’a jamais aussi été divisée, en témoigne la dernière sortie de sa porte-parole Maryse Narcisse avec cette affaire de Commission électorale hors-Statuts et Règlements intérieurs pour choisir des candidats en prévision des prochaines élections. La preuve a été établie  le samedi 4 mai 2013 écoulé dans le Département des Nippes où a eu lieu une manifestation politique en faveur de Fanmi Lavalas largement et publiquement boycottée et rejetée par les bases locales et départementales reconnues du parti. De plus, depuis le retour d’Aristide en mars 2011 aucune initiative n’a été entreprise pour doter Fanmi Lavalas de structures statutaires conformes à la Charte, aux Statuts et Règlements intérieurs. Tout se fait par ou pour Aristide et  gravite autour du Représentant National qui choisit discrétionnairement ceux ou celles avec qui il veut bien coopérer en dehors ou à l’intérieur de Fanmi Lavalas.

Que se passera-t-il le mercredi 8 mai 2013 au Cabinet d’Instruction ? Les tracasseries judiciaires vont-elles continuer avec d’autres dossiers ? Sera-t-il inculpé dans l’Affaire Jean Dominique ? Sera-t-il toujours inquiété ? Bref, Aristide et son parti ont-ils  vraiment un avenir ? Tout est bien qui finit bien !

Les Sénatoriales partielles et les Collectivités territoriales constitueront le premier test politique sérieux pour Aristide lui-même et Fanmi Lavalas, nonobstant les vieux clichés et stéréotypes qui leur sont complaisamment attribués en termes d’Homme politique haïtien le plus populaire et de parti regroupant la majorité de l’électorat. Encore faut-il qu’Aristide puisse arriver à  desserrer l’étau juridique et s’affranchir de la menace potentielle d’exclusion de Fanmi Lavalas aux prochaines élections. L’enjeu est vraiment de taille.

Jean Frantz LASERRE

raless2000@yahoo.com

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