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Actualités - novembre 28, 2012

Haïti / Economie : LES ENVOIS DE FONDS DANS LES PAYS LES MOINS AVANCÉS POURRAIENT JOUER UN PLUS GRAND ROLE EN MATIERE DE DIVERSIFICATION ET DE RENFORCEMENT DE L’ÉCONOMIE

Genève, 26 novembre 2012 − En 2011, les ressortissants des pays les plus pauvres, qui travaillent à l’étranger, ont envoyé chez eux quelque 27 milliards de dollars. Dans son dernier rapport, la CNUCED recommande aux gouvernements de ces pays d’exploiter ces importantes ressources, dont une grande partie fait l’objet de transferts privés directs destinés aux familles, pour diversifier et renforcer leur économie.

Le Rapport 2012 sur les pays les moins avancés[1] : Mettre à profit les envois de fonds et les compétences des diasporas pour renforcer les capacités productives est rendu public aujourd’hui.

Pour la CNUCED,  les 48 pays les moins avancés (PMA) devraient prendre des mesures, par exemple en améliorant leurs services bancaires et financiers nationaux, afin qu’une plus grande partie de cet argent serve à financer l’investissement, le développement de petites entreprises et la création d’emplois en faveur de populations de plus en plus urbanisées qui ne peuvent plus vivre de l’agriculture. Les envois de fonds n’ont cessé d’augmenter, même pendant la crise financière mondiale. C’est d’autant plus important aujourd’hui que les PMA, considérés dans leur ensemble, ont affiché de moins bons résultats en 2011 qu’en 2010, signe de problèmes à venir. Les envois de fonds devraient continuer de croître à moyen terme.

Au cours des dernières décennies, les migrations en provenance des PMA ont été caractérisées par un mouvement Sud-Sud, 80 % des émigrants des PMA s’expatriant dans des pays en développement. La destination varie selon la région d’origine, mais la plupart d’entre eux émigrent en Asie du Sud, au Moyen-Orient ou en Afrique.

Selon la CNUCED, les gouvernements devraient aussi prendre des mesures pour réduire les coûts de transfert liés à l’envoi de fonds, qui peuvent atteindre 12 % du montant transféré, soit un tiers de plus que la moyenne mondiale. Il est estimé qu’en 2010, si les coûts de transfert avaient été équivalents à la moyenne mondiale, les destinataires des fonds envoyés en Afrique subsaharienne auraient reçu 6 milliards de dollars supplémentaires.

Ces flux monétaires considérables devraient être mieux mis à profit pour améliorer les capacités productives des PMA − c’est-à-dire, la capacité de leur économie de produire une gamme de biens et services plus large et d’une plus grande sophistication pour le marché intérieur et l’exportation. Depuis des années, la CNUCED défend l’idée que l’amélioration des capacités productives est la stratégie à long terme la plus efficace et la plus stable pour sortir les pays et leur population de la pauvreté. La diversification de la production de biens et services rend les pays moins vulnérables en cas d’effondrement de la demande et du prix de certains biens, en particulier des matières premières et des produits agricoles de base dont beaucoup de PMA restent  tributaires. De plus, l’amélioration des capacités productives accroît les connaissances et les capacités technologiques, tandis que la production de biens et services plus élaborés génère des profits plus importants et la création d’emplois mieux rémunérés.

Etant donné que les PMA comptent 27,5 millions de leurs ressortissants à l’étranger, les retombées positives sont loin d’être négligeables. Au cours de la dernière décennie, les envois de fonds ont dépassé les entrées d’investissements étrangers directs (IED) dans les PMA.

Des études montrent que les familles dépensent l’argent reçu pour subvenir à des besoins vitaux tels que l’alimentation et le logement. Néanmoins, une fois ces besoins élémentaires satisfaits, il serait bon de consacrer une part plus importante de ces fonds à des activités telles que le développement d’infrastructures locales ou la formation professionnelle.

En 2011, le taux de croissance global des PMA était de 4,2 %, soit 1,4 point de pourcentage de moins qu’en 2010, ce qui reflète le ralentissement de la croissance mondiale. Bien que, dans l’ensemble, les PMA aient obtenu de meilleurs résultats à l’exportation en 2010 et 2011, en grande partie grâce à l’augmentation des cours internationaux des produits de base, le déficit en ressources s’est creusé dans les PMA non exportateurs de pétrole: 18 PMA présentaient un déficit courant de plus de 10 % du produit intérieur brut (PIB), alors que cinq PMA seulement affichaient un excédent courant. Les versements nets d’aide publique au développement (APD), conjugués à un allégement net de la dette concédé aux PMA par l’ensemble des donateurs, ont atteint un niveau record de 44,8 milliards de dollars en 2010, ce qui a compensé la baisse des flux financiers privés et des IED. Toutefois, en raison d’une économie peu diversifiée, les PMA n’ont ni les réserves, ni les ressources nécessaires pour amortir les chocs et s’y adapter facilement.

Compte tenu du risque croissant de voir l’économie mondiale entrer dans une longue période de stagnation et de déflation, les PMA doivent se préparer à une période relativement prolongée d’incertitude, avec une possible aggravation des tensions financières et un ralentissement économique réel, prévient  la CNUCED. Il est donc urgent de repenser les politiques relatives aux envois de fonds et le rôle que ceux-ci pourraient jouer dans la promotion du développement industriel et de la transformation structurelle de ces pays.

Malgré une certaine hétérogénéité des situations nationales, la valeur des envois de fonds par rapport au PIB ou aux recettes d’exportation a toujours été beaucoup plus importante dans les PMA que dans d’autres pays en développement. En moyenne, les envois de fonds représentent jusqu’à 4,4 % du PIB et 15 % des recettes d’exportation dans les PMA, contre 1,6 % et 4,5 %, respectivement, dans les autres pays en développement. Même si, de par leur nature même, les envois de fonds se distinguent des flux de capitaux, ils sont à l’évidence, pour un grand nombre de PMA, une source appréciable de devises. Il a été estimé qu’en 2010 les deux tiers des envois de fonds vers les PMA provenaient d’autres pays du Sud.

Le Rapport 2012 sur les pays les moins avancés décrit les incidences positives des envois de fonds sur le niveau de vie des ménages en matière de réduction de la pauvreté et de diversification des sources de revenu. Néanmoins, les liens entre envois de fonds et croissance économique sont complexes et multiformes. Il y a  des aspects négatifs: les envois de fonds très importants qui ne sont pas accompagnés des mesures correctives appropriées risquent de provoquer une appréciation du taux de change réel, qui pèse sur la compétitivité interne et freine la croissance économique (phénomène dit du «syndrome hollandais»). Pour ce qui est des aspects positifs, ces fonds peuvent contribuer à la croissance économique et au développement des capacités productives de deux façons: par l’investissement et par le développement du secteur financier, c’est-à-dire par une offre accrue et plus diversifiée de services financiers adaptés à toutes les couches sociales. En effet, les envois de fonds constituent une source appréciable de financement extérieur susceptible d’accélérer le développement économique et social, en particulier dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la réduction de la pauvreté.

Les services postaux, les coopératives d’épargne et de crédit et les organismes de microcrédit peuvent grandement contribuer à améliorer l’accès, aux envois de fonds et aux services financiers, en particulier pour les populations rurales. Il conviendrait en outre d’éviter les accords d’exclusivité conclus avec des sociétés de transfert de fonds car ils étouffent la concurrence et tendent à  augmenter les coûts de transfert.

Enfin, l’attention accrue accordée aux envois de fonds ne signifie pas qu’ils peuvent être considérés comme un substitut de l’IED et de l’APD, de l’allégement de la dette, de la mobilisation de ressources internes ou d’autres sources de financement du développement.

Compte tenu de la nature essentiellement privée des flux d’envois de fonds, la mobilisation effective de ces fonds à des fins productives dépend d’un ensemble d’améliorations, notamment institutionnelles, visant à renforcer à la fois la «filière investissement» et le développement des services financiers. Cela pourrait passer par une série de mesures, par exemple des politiques nationales et régionales de développement encourageant l’investissement privé, ainsi que par des réformes financières et réglementaires qui permettent de réduire les coûts de transaction et de promouvoir l’accès des petites et moyennes entreprises aux services financiers et au crédit.

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