Haïti : Défi majeur du trafic de drogue dans la Caraïbe
Haïti, situé au cœur de la Caraïbe, se trouve confronté à un problème de trafic de drogue d’envergure, selon un rapport récent de l’Organisation des Citoyens pour une Nouvelle Haïti (OCNH). En 2023, malgré les saisies significatives effectuées par le Bureau de Lutte contre le Trafic de Stupéfiants (BLTS), avec 104,7 kg de marijuana et 5,4 kg de cocaïne interceptés au premier semestre, les chiffres indiquent une diminution par rapport à l’année précédente. En 2022, les autorités avaient saisi 381,4 kg de marijuana et 12,53 kg de cocaïne, illustrant la persistance du défi.
L’OCNH pointe du doigt l’inefficacité des mesures de lutte, attribuée en partie à la présence prépondérante des gangs armés contrôlant jusqu’à 80 % de la capitale et bloquant les principaux axes routiers. Cette situation est exacerbée par une instabilité politique et économique chronique, créant un environnement propice au trafic illicite.
Selon un rapport de l’ONU paru en octobre 2023, des hommes d’affaires et politiciens haïtiens exploitent leur influence pour faciliter le transit de drogue via des réseaux maritimes et aériens, souvent en collusion avec des gangs locaux et internationaux. Cette complicité affaiblit les efforts de contrôle et met en danger les fondements de l’État de droit.
Les défis judiciaires sont également notables. Dans plusieurs juridictions, dont Port-au-Prince et les villes de Saint-Marc, Cayes, Croix-des-Bouquets et Aquin, les affaires de drogue sont sous-priorisées, avec peu de dossiers traités efficacement par la justice pénale. Cette réalité contribue à l’impunité et à la perception de zones de non-droit, où le trafic prospère.
En parallèle, les gangs armés ont transformé certains quartiers, comme Village de Dieu, en points d’atterrissage direct de la drogue, consolidant ainsi leur pouvoir économique et leur influence locale sans passer par les circuits traditionnels de trafiquants.
Pour répondre à cette crise multidimensionnelle, l’OCNH recommande la spécialisation des juges, la création d’un parquet national anti-corruption, et la promotion d’une culture de transparence dans les saisies de drogue. Il est également proposé de renforcer les capacités institutionnelles et opérationnelles du système judiciaire, de manière à améliorer l’efficacité des enquêtes et des poursuites.
En conclusion, la lutte contre le trafic de drogue en Haïti nécessite une approche intégrée et coordonnée, engageant non seulement les autorités nationales mais aussi la coopération internationale pour contrer efficacement ce fléau qui menace la stabilité et la sécurité de la région caribéenne.
Yves Manuel
Scoop FM ,107.7