Haïti débat / La crise économique du pays : La dollarisation du marché haïtien profite à une frange détruit la classe défavorisée haïtienne
En moins de deux mois, le dollar américain est passé de 79 à 95 gourdes. Le pays fait face présentement à un phénomène de dollarisation qui risque de plonger le peuple dans une situation sans précédente. Ce phénomène de dollarisation est fondamentalement politique. Il a un impact direct sur la vie de la population qui est en proie à une misère infernale.
La crise économique qui traverse le pays crée une panique au sein de la population. Quand on arrive à un moment où le dollar américain passe à 95 gourdes, cette situation ne peut ne pas effrayer la masse populaire désœuvrée qui vit au jour le jour. Cette situation, qui risque d’aggraver la crise socio-politique que nous avons maintenant, exige une réponse immédiate de la part des autorités haïtiennes.
En plus de sa dimension conjoncturelle, la crise économique du pays est aussi de nature structurelle. De 1986 à nos jours, nous sommes passés d’un système d’échange fixe à un système flexible. Bien que nous sommes dans une logique de crise globale, notre régime actuel est essoufflé. Il ne peut plus continuer.
Nous avons un régime d’échange flexible, néo-libéral, où c’est le marché qui fixe les prix. Avec ce système, notre marché d’échange échappe totalement au contrôle de l’État. En vue de restaurer l’autorité monétaire de l’État, il faut absolument bien réfléchir sur le système et la politique économique à adopter.
Le professeur Roland Bélizaire croit qu’il y a urgence de réfléchir sur la montée de manière accélérée du dollar américain. « Pendant la période dénommée Zorey Bourik, au tournant des années 1933, nous avons besoin de 4500 gourdes pour un dollar. Ce n’est pas la première fois que le dollar américain connait un tel escalade dans l’histoire du pays », a rappelé l’économiste, lors de sa participation à l’émission Haïti débat du vendredi 24 mai 2019, soulignant que le marché du dollar dans le pays est très spéculatif.
Contrairement à ceux qui avancent que le pays ne produit pas, le professeur/économiste Bélizaire soutient que nous avons une production, mais qui n’est pas structurée. « Nous avons une production nationale. Nous importons plus que nous exportons parce que notre production n’est pas organisée. Nous devons résoudre le problème de notre choix de politique économique », Exhorte Monsieur Bélizaire, indiquant que plus qu’il y a du dollar sur le marché, moins il sera cher.
La monnaie a une fonction intermédiaire. Elle relie les gens aux produits de consommation. Elle a une dimension symbolique. Elle participe à la construction de l’identité du peuple. La première conséquence de la dollarisation du marché haïtien, c’est la perte de l’identité nationale.
La monnaie est un indicateur qui exprime la nature des rapports qui existent entre deux pays. La montée exponentielle du dollar américain sur la gourde haïtienne traduit de la domination totale des États-Unis sur Haïti.
Mozard Lombard,
Communicateur Social,
Journaliste/Rédacteur de la Radio Télé Scoop,
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