Haïti débat / L’arrière du pays : Crise humanitaire à Petite Desdunes
Alors que nous mettons l’accent seulement sur la République de Port-au-Prince, l’arrière du pays est tombé dans le panier de l’oubli. Pendant que nous ne nous accentuons que sur les problèmes de l’eau, de la faim et de l’électricité dans la Capitale, la situation de la population de Petite Desdunes s’envenime au point de devenir une crise humanitaire.
Comme presque toutes les régions de l’arrière-pays, la population de Petite Desdunes vit dans des conditions infrahumaines. Alors que le Département de l’Artibonite est connu pour sa riziculture, les habitants sont alimentés en riz par des organisations non gouvernementales à travers un programme appelé Tipanou.
À Petite Desdune, la population vit dans la misère la plus totale. Frappées par une grande sécheresse, les plantations de riz sont complètement détruites. Il n’y a pas de l’eau à boire, ni pour arroser les jardins. La famine s’installe. Les enfants, pour la plupart, ne sont pas en mesure d’aller à l’école. Ceux qui peuvent y aller, ne peuvent pas rester à cause du problème de la faim. Les ménages sont mal logés. Le mode de construction peut en témoigner. En 2019, la population vit encore dans des huttes. L’image de ces cabanes peut nous rappeler celle de nos aborigènes, les tainos, au 15 ème siècle. La population végète dans le sous-développement. Révoltant, au même titre que Cornillon Grand Bois, sa situation nécessite l’intervention des autorités de l’État.
Cette mauvaise condition de vie de la population de Petite Desdunes, une région de la commune de l’Estère, n’échappe pas à l’attention de l’équipe Haïti débat de la Radio Télé Scoop. Voulant attirer les regards sur l’indigence dans laquelle vivent les habitants, l’analyste politique, Gary Pierre Paul Charles, fustige notre concentration sur Port-au-Prince qui nous empêche, du même coup, d’avoir une vue exhaustive du pays. Selon lui, le pays ne doit pas se résumer à Port-au-Prince qu’il considère comme un espace de conspiration, de violence, de destruction et d’assassinat politique.
Le directeur de la Radio exige des actions concrètes pour sortir la population de cette situation. Il exige, par ailleurs, une plaidoirie pour défendre les valeurs citoyennes. « Je demande Au président du Sénat, Carl Murat Cantave, de faire quelques choses, à Gracia Delva de composer une chanson en honneur de ces personnes. Vous êtes venus à Port-au-Prince en les laissant pataugés dans la boue. Vous vous concentrez seulement sur la politique », a indiqué le journaliste senior, soulignant que la communauté internationale douche certains protagonistes haïtiens.
Le journaliste politique, Présimon Jean, de son côté, dénonce la destruction des acquis du régime duvaliériste. De son point de vue, tout ne méritait d’être détruite après 1986. « Nous sommes en train de vivre les conséquences des exactions irréfléchies que nous avons commis en 1986 et après », a-il-fait savoir.
En ce qui le concerne, le politologue, Val Euné, qui exprime son regret de répéter ce dont parlait Gérard Barthelemy, à savoir le pays en dehors, nous encourage d’aborder le problème de Desdune de manière profonde. Selon lui, le pays a un problème de l’environnement. « Le temps est à la réflexion sérieuse. Les mesures conjoncturelles ne vont pas résoudre les problèmes », soutient monsieur Euné.
Campane Joseph, évoquant l’oubli total de l’arrière du pays, laisse comprendre que la détérioration des conditions de vie de la population ne doit pas retomber seulement sur le président et le premier ministre. Pour lui, la situation de grande pauvreté qui règne dans le pays témoigne de l’échec de l’État. « Nous n’avons pas de politique publique. Nous n’avons pas de projet de société. Nous ne planifions pas notre avenir », a-t-il déploré.
Vladimir Désir, dépêché, par la Radio le weekend dernier, à Petite Desdunes, exhorte, pour sa part, la reconstruction de l’État et la rééducation des citoyens haïtiens. Il a souligné le manque de sentiment de patriotisme de ses concitoyens. « Pendant que nous ressassons mourir est beau, nous n’avons jamais créé de conditions pour faire vivre à la population des jours meilleurs », a souligné aussi le reporteur, indiquant que les élus doivent savoir qu’ils sont des serviteurs, mais pas des employés de la nation.
Mozard Lombard,
Communicateur social,
Journaliste de la radio Télé Scoop,
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